Incontournable

article | Temps de Lecture5 min

L'Abri du Cap-Blanc

Vue de face de la frise sculptée de l'Abri du Cap-Blanc

Laissez-vous surprendre par une majestueuse frise sculptée, datée d’environ 15 000 ans ! Découvert en 1909, l’Abri du Cap-Blanc présente un des plus grands chefs d’œuvre de la sculpture monumentale préhistorique magdalénienne.

La découverte de l'Abri du Cap-Blanc

Une découverte fortuite ?

 

Alors que des dépôts naturels comblent l’abri et recouvrent presque totalement la frise, l’attention d’une équipe de fouilleurs est attirée par un anneau sculpté resté visible sur la paroi rocheuse.

Le site est exploré à la pioche sans précaution particulière, jusqu’à la découverte de traces de relief et de couleur. 
Bien que les travaux continuent alors plus prudemment, des sculptures sont néanmoins marquées par les impacts des outils métalliques utilisés par les fouilleurs.

C’est ainsi que l’équipe de fouilleurs de Raymond Peyrille, travaillant pour le Docteur Jean-Gaston Lalanne, découvre la frise en 1909.
Forte de belles découvertes sur le site tout proche de Laussel, l’équipe ne s’attendait néanmoins pas à découvrir une frise sculptée monumentale !

Vue extérieure du site de l'Abri du Cap-Blanc
Abri du Cap-Blanc, vue extérieure

Olivier Huard / Centre des monuments nationaux

L'Abri du Cap-Blanc, un lieu particulier ...

Une frise exceptionnelle !

 

Imposante, elle occupe 13 des 15 mètres de l’abri ! Si les chevaux sont majoritairement représentés, des bisons sont aussi reconnaissables. L’ensemble comporte également plusieurs trous percés dans la paroi, des anneaux, dont l’utilisation exacte n’est pas déterminée.

Réalisée en haut et bas-relief, sa qualité d’exécution est exceptionnelle : après avoir ébauché les reliefs profonds par piquetage, l’homme préhistorique a ensuite parfois égalisé les volumes par raclage, puis les a adoucis par polissage. 
Des vestiges de peinture ocrée ont été trouvés autour des figures. Imaginez donc cette frise entièrement colorée ! Rappelez-vous, Cap-Blanc est un abri sous-roche, son ornementation devait donc être visible de très loin. Il ne s’agit donc là pas d’un art secret, caché comme on peut l’imaginer dans des grottes souterraines.

Par la vigueur et la profondeur de ses reliefs, l’Abri du Cap-Blanc est l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la sculpture monumentale dans l’art préhistorique témoignant d’une expression artistique. L’Abbé Breuil, spécialiste de l’art préhistorique, a d’ailleurs très vite reconnu l’importance de cette frise et publié un rapport dès 1911.

Frise sculptée de l'Abri du Cap-Blanc
Abri du Cap-Blanc, vue de face de la frise sculptée

Olivier Huard / Centre des monuments nationaux

Un environnement propice à l’implantation humaine.

 
L’abri est situé dans un environnement favorable au passage de gibiers et troupeaux. De plus, le pan de falaise légèrement incurvé crée une protection naturelle à ses habitants.

L’Abri du Cap-Blanc a sans aucun doute été un lieu d’habitat pour des groupes de chasseurs-cueilleurs : halte de chasse temporaire ou encore abri pour des étapes saisonnières au rythme du déplacement des animaux chassés. L’habitat pouvait certainement s’y échelonner sur une période de plusieurs mois par an.

Le site du Cap-Blanc est également un lieu sépulcral : en 1911, lors de travaux de protection du site, une sépulture est découverte au pied de la frise. Le squelette est vendu en 1926 au Field Museum de Chicago, aux Etats-Unis. Depuis 2001, une reconstitution de la sépulture est présentée dans l’abri.

Au cours des fouilles, plusieurs niveaux archéologiques sont mis au jour : quelques traces des périodes solutréennes et aziliennes sont retrouvées. Le niveau principal est daté du Magdalénien moyen. L’étude des objets mobiliers retrouvés indique que la présence humaine sur le site remonterait aux alentours de 15 000 ans, âge également retenu pour les sculptures. 

Fresque représentant une possible scène de vie quotidienne à l'Abri du Cap-Blanc. Fresque réalisée dans le bâtiment d'accueil par l'artiste Gilles Tosello en Octobre 1993.
Fresque en hommage aux sculpteurs du Cap-Blanc, réalisée par Gilles Tosello en Octobre 1993

DR / Centre des monuments nationaux

Un témoignage exceptionnel à préserver !


En effet, les trois formes de témoignage de l’Homme du Paléolithique, que sont l’habitat, l’art et la sépulture, le tout dans un espace restreint, donnent à ce site une valeur archéologique inestimable à préserver. Classé au titre des Monuments Historiques en 1910, le site est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.


Exceptionnelle, la frise sculptée de l’Abri du Cap-Blanc est aussi très fragile : elle est soumise aux nombreuses variations climatiques, parfois très soudaines. Le personnel et le milieu scientifique surveillent donc scrupuleusement tous les événements pouvant nuire à la conservation de ce décor orné : une station climatique est installée, les relevés quotidiens sont analysés, l’abri est ventilé et le nombre de visiteurs strictement limité.
 

Abri du Cap-Blanc, plaque Unesco
Abri du Cap-Blanc, vue extérieure et plaque signalant l'inscription Unesco.

Olivier Huard / Centre des monuments nationaux

Laissez-vous surprendre par ...

Le cheval central

 

Admirez ce cheval tourné vers la gauche. Il est sans doute la représentation la plus spectaculaire de la frise de l’Abri du Cap-Blanc !

Inévitable, il est placé au centre de la frise. De dimension monumentale, grandeur nature, il mesure 2,20 mètres de long !

À l’origine, son corps était certainement représenté en totalité : ses pattes, qui devaient reposer sur le sol préhistorique, ont probablement disparu lors des premières fouilles.

Cheval central de la frise sculptée de l'Abri du Cap-Blanc
Abri du Cap-Blanc, cheval

Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

La sépulture de la Dame du Cap-Blanc

 

Témoignage d’une expression artistique, l’Abri du Cap-Blanc est également un lieu sépulcral. En 1911, lors de travaux de protection du site, une sépulture est découverte au pied de la frise : 3 pierres plates recouvrant une fosse d’environ 60 cm et protégeant un squelette, celui d’une femme adulte, de 30-35 ans, mesurant environ 1,56 cm. Des outils taillés et une pointe de sagaie en ivoire y sont également retrouvés.
En 1926, le squelette est vendu au Field Museum de Chicago, aux Etats-Unis. C’est une représentation de la sépulture que vous découvrirez lors de votre visite. Elle est en place depuis 2001. 

Une dermoplastie, réalisée par Elisabeth Daynès, plasticienne, est présentée dans l’espace muséographique. Elle a été offerte par Joyce Chelberg, donatrice américaine, en juillet 2013. Le buste présenté s’appuie sur les données morphologiques du squelette original. Les attributs esthétiques que vous pourrez voir, et notamment les éléments de parure, sont hypothétiques et relèvent de choix artistiques propres à la plasticienne.
 

Reconstitution de la sépulture de la Dame du Cap-Blanc, au pied de la frise sculptée
Abri du Cap-Blanc, reconstitution de la sépulture

Olivier Huard / Centre des monuments nationaux

Le dossier thématique

Abri du Cap-Blanc

Dossier | 1 contenu

Vue de face de la frise sculptée de l'Abri du Cap-Blanc