Histoire
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Niché au cœur d’un vallon renfermant plusieurs sites témoins d’une fréquentation humaine paléolithique intensive, l’Abri du Poisson vous dévoile un joyau de l’art pariétal paléolithique, l’une des plus anciennes représentations de poisson actuellement connue au monde !
Bien que Paul Girod découvre l’Abri du Poisson dès 1892, le site ne devient célèbre qu’en 1912, lorsque Jean Marsan, se réveillant d’une sieste sous cet abri, aperçoit un saumon sculpté sur la voûte.
Vous vous demandez certainement pourquoi cette sculpture n’avait encore jamais été remarquée auparavant…
À la fin du XIXème siècle, l’art pariétal n’est pas encore connu en Dordogne. Ce n’est donc pas ce que recherchent les archéologues. De plus, contrairement à aujourd’hui où un mur de protection protège l’abri, il est à l’époque à l’air libre et une partie du plafond est masquée par la végétation.
Ce saumon sculpté est une évidente évocation du monde aquatique. Ce thème rarement représenté dans l’art pariétal confirme l’intérêt de nos ancêtres pour la pêche. Chasseurs-cueilleurs, mais aussi pêcheurs !
Au Paléolithique, l’emplacement de cet abri est effectivement idéal. Dans ce vallon, l’homme préhistorique bénéficie non seulement de la proximité d’un ruisseau, mais aussi un peu plus bas de la rivière Vézère, qu’un passage à gué permet de traverser à pied.
L’Abri du Poisson est classé Monument Historique en 1913 et inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.
Vous voici devant un des joyaux de l’art pariétal préhistorique : la représentation d’un saumon dit « bécard », datée d’environ 25 000 ans !
Sa mâchoire inférieure est recourbée en crochet, ce qui est caractéristique du mâle en période de frai (reproduction). Ce saumon, grandeur nature, mesure 105 cm de long et est tourné vers la rivière. Quelques traces d’ocre subsistent sur le corps du poisson et sur la voûte de l’abri.
Découverte en 1912, cette sculpture comporte de nombreuses traces de piquetage. En effet, dès sa découverte, le Musée de Berlin, en Allemagne, s’en porte acquéreur. Des travaux d’enlèvement commencent. Alerté, Denis Peyrony, instituteur dans le village des Eyzies, prévient le Ministère des Beaux-Arts, actuel Ministère de la Culture, qui décide dès janvier 1913 du classement de l’Abri du Poisson aux Monuments Historiques. Les travaux sont alors définitivement stoppés. Cet épisode historique est connu sous le nom de « l’Affaire du Poisson ».
En 1975, dans un léger renfoncement de la roche, une main négative est repérée par Alain Roussot, préhistorien, et Christian Archambeau, surveillant des Sites pour la CRMH (Conservation Régionale des Monuments Historiques).
C’est une main gauche réalisée à l’oxyde de manganèse selon la technique du pochoir, qui consistait à souffler ou cracher du pigment sur la main posée sur la paroi, afin d’en faire ressortir uniquement les contours, en négatif.
Cette main est attribuée au gravettien, vers 25 000 ans.