Fermeture de l'alerte

L'Abri de Cap-Blanc

L’Abri de Cap-Blanc présente un des plus grands chefs d’œuvre de la sculpture monumentale préhistorique magdalénienne.

 © Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Situé sur la commune de Marquay, dans la Vallée de la Beune, l'abri du Cap Blanc est découvert en 1909.
Daté d’environ 15 000 ans, le site est classé Monument Historique en 1910 et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979. 

Les fouilles

Elles ont mis au jour plusieurs niveaux archéologiques. Quelques traces des périodes solutréenne et azilienne ont été retrouvées. Le niveau principal est daté du magdalénien moyen : l’étude des objets mobiliers indique en effet que la présence humaine sur le site remonterait aux alentours de 15 000 ans, âge retenu pour les sculptures.
  

La frise

© Olivier Huard / Centre des monuments nationaux

Elle est découverte en 1909 par Raymond Peyrille et son équipe de fouilleurs, qui travaillaient pour le docteur Jean-Gaston Lalanne, psychiatre et mécène bordelais, amateur éclairé en Préhistoire. Forts de belles découvertes sur le site tout proche de Laussel, ils ne s’attendaient néanmoins pas à découvrir une frise sculptée monumentale.
L’attention de l’équipe fut attirée par un anneau sculpté visible sur la paroi rocheuse, bien que des dépôts naturels aient comblé l’abri et recouvert presque totalement la frise. Le site fut alors exploré à la pioche sans précaution particulière, jusqu’à la découverte de traces de relief et de couleur. Bien que les travaux continuèrent alors plus prudemment, des sculptures sont marquées par les impacts des outils métalliques utilisés par les fouilleurs.

L’imposante frise sculptée occupe 13 des 15 mètres de l’abri. Si les chevaux sont majoritairement représentés, des bisons sont aussi reconnaissables. Plusieurs anneaux préhistoriques, dont l’utilisation exacte n’est pas déterminée, ont également été sculptés sur la frise. 

Réalisée en haut et bas-relief, la qualité d’exécution de la frise est exceptionnelle : après avoir ébauché les reliefs profonds par piquetage, l’homme préhistorique a ensuite parfois égalisé les volumes par raclage, puis les a adoucis par polissage. Des vestiges de peinture ocrée ont été trouvés autour des figures, ce qui laisse supposer que l’ensemble était entièrement coloré.
Ces superbes sculptures se situent dans un abri-sous-roche, et non pas à l’intérieur d’une grotte : l’ornementation devait donc être visible de très loin. Il ne s’agit pas là d’un art secret, caché comme on peut l’imaginer dans des grottes souterraines toutes proches de Font-de-Gaume ou des Combarelles.

Par la vigueur et la profondeur de ses reliefs, l’Abri de Cap-Blanc est l’un des plus grands chefs d’œuvre de la sculpture monumentale dans l’art préhistorique. L’abbé Breuil, spécialiste de l’art préhistorique, a très vite reconnu l’importance de cette frise et publié un rapport dès 1911.

La sépulture

Témoignage d’une expression artistique, l’Abri de Cap-Blanc est également un lieu sépulcral. En 1911, lors de travaux de protection du site, une sépulture est découverte au pied de la frise : 3 pierres plates recouvrant une fosse d’environ 60 cm et protégeant un squelette, celui d’une femme adulte, de 30-35 ans, mesurant 1,56 cm. Des outils taillés et une pointe de sagaie en ivoire y sont également retrouvés.

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

En 1926, le squelette a été vendu au Field Museum de Chicago, aux Etats-Unis. Depuis 2001, une reconstitution de cette sépulture est présentée dans l’abri, au pied de la frise.

Une dermoplastie, réalisée par Elisabeth Daynès, plasticienne, est présentée dans l’espace muséographique. Elle a été offerte par Joyce Chelberg, donatrice américaine, en juillet 2013. Le buste présenté s’appuie sur les données morphologiques du squelette original. Les attributs esthétiques, et notamment les éléments de parure, sont hypothétiques et relèvent de choix artistiques propres à la plasticienne.

L’habitat 

L’Abri de Cap-Blanc est situé dans un environnement favorable au passage de gibiers et troupeaux. Il est situé sur un pan de falaise légèrement incurvé qui crée une protection naturelle à ses habitants. L’Abri de Cap-Blanc a donc sans aucun doute été un lieu d’habitat pour des groupes de chasseurs-cueilleurs : halte de chasse temporaire ou abri pour des étapes saisonnières au rythme du déplacement des animaux chassés. L’habitat pouvait certainement s’y échelonner sur une période de plusieurs mois par an.

Fresque "En hommage aux sculpteurs de Cap-Blanc", réalisée par Gilles Tosello, octobre 1993

Un témoignage exceptionnel … à préserver

Les trois formes de témoignage de l’Homme du Paléolithique, que sont l’habitat, l’art et la sépulture, le tout dans un espace restreint, donnent au site de Cap Blanc une valeur archéologique inestimable que nous devons préserver. 

Exceptionnelle, la frise sculptée de l’Abri de Cap-Blanc est aussi très fragile : elle est soumise aux nombreuses variations climatiques, parfois très soudaines. Le personnel et le milieu scientifique surveillent donc scrupuleusement tous les évènements qui pourraient nuire à la conservation de ce décor orné : une station climatique a notamment été installée, les relevés quotidiens sont analysés, l’abri est ventilé et le nombre de visiteurs est limité.

MenuFermer le menu